THÉMATIQUE / LE THÈME CENTRAL
Économie sociale et Villes
Valeurs et compétitivité pour un développement local inclusif et durable.
Le thème central du Forum est «Économie sociale et villes:
valeurs et compétitivité pour un développement local inclusif et durable».
Ce thème central, intégrant d’une part les termes économie sociale et villes, qui est le signe d’identité du GSEF en tant qu’association internationale des gouvernements locaux et acteurs de la société civile engagés dans le développement de l’économie sociale solidaire, s’articule autour de trois idées centrales directement liées à l’un des principaux débats soulevés actuellement aux niveaux européen et mondial, visant à considérer l’économie sociale, dans ses diverses expressions, comme une option réelle et possible pour progresser et se développer socialement et économiquement d’une manière différente.
La préoccupation existante face à l’augmentation de l’inégalité, y compris dans les pays et les sociétés considérés comme avancés, a beaucoup à voir avec l’intérêt croissant de l’Union européenne, ainsi que de nombreux gouvernements locaux et nationaux, à l’égard du rôle que l’économie sociale peut jouer dans la création de la richesse collective. Un modèle de croissance créateur d’activité et de richesse ne visant pas sa simple distribution ultérieure, mais distribuant la richesse dès le début de l’activité. Et qui, en outre, destine une partie essentielle de ses excédents à des objectifs de développement durable, minimisant ainsi les dysfonctionnements ou politiques restrictives de redistribution des excédents.
Dans les années de crise économique sévère et de perte significative d’emplois, l’économie sociale a fait preuve d’une plus grande capacité de résistance, sans toutefois avoir pu échapper à ses effets, grâce principalement à ses politiques socio-économiques plus transparentes, durables et responsables.
Du point de vue européen, l’objectif du Forum à Bilbao est de faire connaître au monde l’économie sociale et de débattre autour de sa capacité à devenir une véritable alternative au développement économique et social des villes, dans la mesure où elle est capable de s’adapter, là où cela s’avère nécessaire, aux règles du jeu établies par le modèle économique. Tout en proposant des modèles de développement local articulant des secteurs d’activité durables, inclusifs et viables, susceptibles de contribuer à un meilleur avenir pour les villes et leurs habitants.
SOUS-THÈMES
1. Co-création de politiques publiques
La « co-création » peut être définie, à grands traits, comme un modèle d’élaboration et de (re)conception des services publics, auxquels participent différents types d’acteurs. Et pas seulement des acteurs publics, mais aussi des acteurs privés (utilisateurs de services, bénéficiaires indirects, etc.), qui transposent et partagent leurs expériences, capacités et ressources (connaissances, informations, etc.), afin d’améliorer conjointement les processus (délibératifs et décisionnels) et les résultats publics (services publics plus efficaces, performants et de qualité), tout en créant une plus grande valeur sociale (intégration et cohésion sociale).
À noter que, dans les processus collaboratifs, chaque citoyen/ne contribue et partage des valeurs et des ressources qui débouchent non seulement sur un résultat différent, mais créent aussi un environnement (espace public et relations de pouvoir) différent de celui de départ. De sorte que la co-création est également conçue comme un modèle de transformation sociale et d’apprentissage des valeurs démocratiques, étant donné qu’elle contribue à renforcer le sentiment d’appartenance et, par conséquent, l’implication et l’engagement moral dans la communauté ou le groupe.
2. La contribution de l’économie sociale à la transformation du territoire
Le territoire, dans son sens le plus large, est le protagoniste par excellence du développement inclusif et durable. Un territoire considéré non seulement comme une aire géographique, comme un espace physique, mais comme un ensemble d’acteurs, de possibilités, de potentialités, matérielles et immatérielles. Un espace avec une trajectoire culturelle, historique, sociale, économique et environnementale commune, qui donne lieu à une réalité concrète et à un potentiel de développement endogène déterminé, qui conditionne la croissance économique, en particulier, et le développement durable, en général. Un territoire avec ses propres facteurs et caractéristiques socio-économiques, qui lui confèrent une certaine identité et favorisent un processus de développement inclusif et durable. Et parmi les différentes composantes du cadre territorial, l’économie sociale se présente progressivement comme un complément, dans certains cas, et comme une alternative à l’économie traditionnelle, dans d’autres cas.
L’une des valeurs inhérentes à l’économie sociale est l’engagement et la responsabilité sociale des acteurs qui la composent, en tant que protagonistes de leur propre développement et de celui de toutes les personnes.
Sa contribution à l’emploi, à l’insertion sociale, à l’innovation sociale, ainsi que son engagement interne et externe, sa connaissance du territoire sur lequel l’activité est menée, etc., valorisent l’importance de son impact territorial.
L’économie sociale peut également contribuer à l’aspiration de l’Union européenne à faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable de se développer de manière durable, avec des emplois plus nombreux et de meilleure qualité et une plus grande cohésion sociale, tout en renforçant la cohésion territoriale et en avançant vers de nouveaux paradigmes de gouvernance.
3. Défis pour la croissance des organisations de l’économie sociale
Les organisations de l’économie sociale ont d’importants défis à relever, liés à leur capacité de croissance. Ce sous-thème vise à débattre sur les facteurs qui favorisent et entravent la croissance, à la fois interne et externe. La Commission européenne reconnaît que les entreprises de l’économie sociale présentent un grand potentiel de croissance, en raison de l’accroissement de « la demande d’innovation sociale et de l’augmentation des nouvelles technologies et des plateformes de collaboration ». Cependant – souligne la Commission -, ces entreprises ont encore du mal à obtenir des financements et un soutien, en raison notamment du « manque de reconnaissance et de compréhension de leur potentiel économique et de l’exploitation insuffisante des nouvelles technologies » (Communication de la Commission : Les leaders de l’Europe de demain : l’initiative sur les entreprises émergentes et en expansion ». 22.11.2016). Le Forum souhaite partager cette vision européenne des défis pour la croissance des organisations de l’économie sociale, ainsi que d’autres perspectives régionales, afin que l’interaction entre les différentes réalités offre une vision générale des défis communs à surmonter pour promouvoir la croissance de l’économie sociale.
4. L’avenir du travail et de l’emploi : le rôle de l’économie sociale
S’il est vrai que certaines tendances, telles que le changement démographique, la diversité culturelle, la conciliation de la vie personnelle et professionnelle, l’évolution des milieux de travail ou la convergence des technologies, sont déjà des évolutions assez claires, il n’en est pas moins vrai que d’autres évènements perturbateurs risquent de transformer le marché du travail de manière inattendue : la migration inverse, les valeurs changeantes du personnel employé ou l’intelligence artificielle et les robots. Selon les estimations, 45% à 60% des salariés en Europe pourraient être remplacés par l’automatisation avant 2030.
Par ailleurs, alors que d’aucuns mettent en garde contre les risques de la technologie, certains experts considèrent que ces importants progrès technologiques peuvent conduire à de nouvelles opportunités d’emploi, voire à une renaissance mondiale de la créativité, en libérant les personnes de leur obligation de travailler pour vivre.